Chapitre 1 : L'ANNONCE DU RETOUR
Il y a seize années environ, Alex assis dans un restaurant, vêtu en smoking noir, très classe, d'un air anxieux et joyeux en même temps. Il attendait celle qui a toujours fait partie de sa vie depuis leur rencontre à l'université et qui ne l'a plus jamais quitté, celle qui l'a encouragé de devenir l'homme respectueux et travailleur qu'il est aujourd'hui. Il était temps de passer aux choses sérieuses. Il pensait encore au discours qu'il devait prononcer devant son amie lorsqu’une douce voix au loin se fit entendre et le fit sursauter de ses rêves :
- Eh ! Bonjour Alex, lança Marguerite qui venait de rentrer dans le restaurant, en faisant un signe de la main et un grand sourire montrant ses dents blanches comme du kaolin.
Elle était belle, svelte, d'une peau d'ébène propre, habillée d'une robe en pagne africaine et d'un manteau par-dessus contre le froid, parée de bracelets et de boucles d'oreille....
- Bonjour Maggy, répondit Alex en levant la main à son tour. Tu es bien dans la joie aujourd’hui…
- Oh oui ! j’ai une très bonne nouvelle à t’annoncer.
- Ah bon ! vas-y, parle ! dit Alex avec intérêt.
- Devine ! je vais rentrer chez moi, répondit Maggy.
Alex, choqué et contrarié par la réponse de son amie, répliqua :
- Tu comptais m’en parler quand est-ce ?
- Bah ! Aujourd'hui voyons ! puisque tu m’as invité dans ce restaurant. À ce propos, c’est très beau ! dit Maggy avec un large sourire tout en restant debout devant lui.
- Hum ! soupira Alex perplexe, puis fixa son amie dans les yeux : qu’est ce qui te pousse à tout lâcher ici pour retourner en Afrique avec la chaleur, les conditions de vie minables, l’instabilité politique… ? Ici tu as tout ce qu’il faut, tu as un bon travail, tu as des amis, et...
Maggy interrompit son ami et ne lui donna pas l’occasion de terminer sa phrase et lui demanda :
- Est-ce que je peux m’asseoir ?
- Oh ! je t’en prie… je suis tellement sous le choc de la nouvelle que tu viens de m’annoncer, et j’ai oublié de t'accueillir comme il faut. Prends place.
Alex, fit signe au serveur du restaurant de leur apporter du vin et le menu. Ils choisirent un menu et continuèrent leur conversation.
Alex poursuit la discussion :
- Je ne comprends pas que tu veuilles rentrer en Afrique, je n’arrive pas à croire cela de toi, tu as toujours voulu vivre en Europe et tu adores ce pays, la Belgique, et les meilleures conditions de vie ici… je ne comprends pas Maggy… Pourquoi veux-tu aller dans cet enfer ?
Marguerite, d’un air calme, confiante et d’un regard sublime, écoutait attentivement son ami.
- Tu appelles mon continent et mon pays un enfer ? Mais tu es malade Alex, s’exclama-t-elle!
- Ok, ne te fâche pas, ce n’est pas du tout ce que je voulais dire, ce n’est qu’une métaphore !
- Tu voulais dire quoi par-là ? J’aime mon pays et mon continent africain, que tu qualifies d’enfer parce que tu n’y as jamais mis pied. dit Maggy en haussant fortement le ton de sa voix.
- Avec ce que j’entends et vois dans les médias, je n’ai pas envie d’y aller hein ! ironisa Alex.
Cette
réponse énerva, Maggy qui trouva les propos de son ami hostiles à l’égard du continent Africain. La joie qui était sur son visage disparut et, brusquement, elle devint pensive…
- Ne te fâche pas, dit Alex, vraiment aujourd’hui tu défends ton continent comme si c’était un bijou ? Cette réaction est étrange venant de toi. Je sais que l’esprit patriotique n’est pas ton fort. Tu parles comme une vraie africaine là ?
- Tu ne me connais pas Alex, dit Maggy en le regardant avec rage. Je défends mon pays parce que je suis africaine dans mon sang, en chair et en os…
- Vraiment ! Soupira Alex, ce n’est pas pour ça que je t’ai fait venir dans ce restaurant, dit-il avec confusion.
- Tu veux changer de sujet ? chuchota Maggy…
A l'instant même, arriva le serveur avec le repas. Ils levèrent les verres :
- Santé ! dit Maggy....
- A ton retour sur ta terre natale, dit Alex en riant et froissant les sourcils...
- De quoi voulais-tu me parler ? demanda Maggy.
- Tu es bien pressée ma chère, dégustons d’abord le repas qui a l’air délicieux, dit Alex, contrarié, pensif et hésitant… Dois-je lui dire ce que je ressens pour elle. se demanda-t-il ?
Maggy était impatiente d’écouter ce que son ami avait à lui dire. Cependant, devant la passivité et la tranquillité de ce dernier, elle dégusta son repas en lui souhaitant un bon appétit et Alex répondit avec engouement. Pendant le repas, ils se firent des blagues, se commémorant les souvenirs et ils rigolaient ensemble afin d'oublier un peu la conversation de départ. Après avoir fini de manger, Alex demanda à
Maggy si le repas était délicieux :
- C’était très bon, acquiesça Maggy, cette fois-ci tu as fait l’effort de choisir un bon restaurant. Tu fais des progrès, mon cher.
- On apprend à se perfectionner chaque jour, dit Alex en souriant. Si je t’ai fait venir ici, ma chère Maggy, c’est pour te dire...
Il ne put dire ce qu’il ressentait pour elle, car la nouvelle qu’il vient d’entendre, l’a tellement troublé. En fait, Maggy n’a jamais manifesté le désir de repartir dans son pays natal, elle a toujours détesté dans ses propos de repartir en Afrique. La preuve est que depuis son arrivée, elle n’était plus repartie en Afrique, pas même pour passer les vacances. Du coup, Alex ne comprenait pas l’envie soudaine de son amie de rentrer dans son pays. En plus, elle est obstinée, lorsqu’elle a une idée en tête, personne ne peut lui ôter cela, il faudrait avoir des arguments solides pour lui faire changer d’idée. A cause de ce tempérament, Alex ne put pas dire à son amie, ce qu’il ressentait pour elle. Car il avait l’intention de la demander en mariage. Alors il resta silencieux, prit son souffle et dit brutalement :
- J’ai un emploi à te proposer.
- Un emploi ? interrogea Maggy qui s’adossa sur sa chaise en écoutant son ami…
- Oui, un emploi… Le Directeur des Ressources de mon entreprise vient d'être affecté dans une autre ville, alors le poste est vacant. J’ai donc pensé à toi et j’ai voulu t’annoncer la nouvelle de vive voix car je sais que si tu postules, tu seras retenue. Voici toutes les pièces qu’il faut fournir et tu pourras passer demain pour l’entretien...
Maggy hébétée, dit à Alex.
- L’offre
est très intéressante, mais ma décision est prise, je dois rentrer dans mon pays au Congo Brazzaville. Mon pays a besoin de moi. Je dois contribuer au développement de celui-ci avant ma mort. Si j'ai démissionné de mon ancien emploi, c’était pour préparer mon retour au pays… Je te dis merci pour la proposition d’emploi, mais je suis désolée, je serai plus utile dans mon pays qu’ici à Liège …
Alex, soupira :
- Depuis quand tu as pris cette décision sans me consulter ? Je croyais que j’étais ton meilleur ami… Est-ce que tu as réfléchi sur les conséquences ?
- Crois-moi, je n’ai qu’une seule envie, c’est de rentrer dans mon pays. Cette décision, je l’ai déjà prise depuis plus de deux mois et j’ai déjà préparé mon voyage. Je voulais t’en parler mais je sais que tu n’allais pas être d’accord. J’ai donc attendu pour en être vraiment convaincue avant de te le dire. Ne m’en veux pas, d’accord ? dit Maggy avec un sourire en tenant la main de son ami qui semblait déprécié...
- Ok je vois, dit Alex mélancoliquement, je n’arriverai pas à te persuader de rester. Alors, quand pars-tu ?
- Dans deux semaines, j’ai démissionné de mon emploi, il y a deux mois pour et bien préparer mon voyage. Cela fait dix ans depuis que j’ai quitté le pays après l’obtention de mon baccalauréat. Et chaque jour, je suis convaincue que je dois faire quelque chose dans mon pays, je me rends compte que mon corps et mon âme sont attachés au Congo. Je crois vraiment que ma place se trouve là-bas auprès des miens. Je suis sûre que les conditions de vies ont bien changé dans
mon pays, j’en suis certaine, affirma-t-elle avec passion.
- Tu es juste nostalgique, ma belle Maggy. En plus, c’est un risque que tu prends, pendant que tes compatriotes veulent quitter le Congo pour venir en Belgique et avoir le confort de vie que tu as, toi tu veux y aller… dit Alex en poussant un soupire d’un grand désarroi.
- Tu connais le dicton : ‘Qui ne risque rien n’a rien’. Alors laisse-moi risquer. Je suis sûre que j’aboutirais à faire quelque chose de bien, répondit sereinement Maggy.
- D’accord, mais au cas où tu voudras revenir en Belgique en changeant d’idée, ma porte t’est grandement ouverte. Saches que tu vas me manquer, ma chère Maggy. La vie ne serait plus la même sans toi, répliqua tristement Alex.
Les deux amis se séparèrent avec des éclats de rire, mais la tristesse remplit le cœur d'Alex suite à l’annonce du départ de Marguerite MAYELA qu’il appelle affectueusement Maggy.
En effet, MAYELA Marguerite est originaire de la république du Congo, communément appelée le Congo Brazzaville, qui fait partie des pays du tiers-monde. La république du Congo est située en Afrique centrale avec 342000 km2, avec pour pays frontaliers le Cameroun, la république Centrafricaine, la république Démocratique du Congo (RDC) et l’Angola.
Le Congo est traversé par l’équateur. Cette ligne imaginaire, qui sépare l’hémisphère nord de l’hémisphère sud passe dans la ville de MAKOUA située au nord du Congo, dans le département de la Cuvette. Si on croit à ce que nous lisons dans les livres d’histoire, le Congo a une terre riche qui n’attend que le moment d’être exploitée afin de moderniser ce pays.
C'est ce refrain que Marguerite a écouté tout
le long de son parcours scolaire. Depuis, son rêve était de toucher du doigt cette richesse contenue dans le sol congolais.
En 1982, Marguerite obtient son baccalauréat à 17 ans et s’envole pour la Belgique en septembre de la même année. Elle fut accueillie par sa tante qui s’y était installée. Marguerite est la fille ainée et unique de la famille MAYELA, suivie de quatre frères. Ses parents étaient très fiers d’elle, car elle faisait l’honneur de la famille, elle était l’exemple idéal pour ses frères. A 22 ans, elle eut sa maîtrise en gestion du personnel qu’on appelle aujourd’hui Master en ressources humaines. Elle est titulaire d’un bac+5.
Son diplôme en poche, elle décida de rester dans la ville de Liège en Belgique et ne voulut plus rentrer puisqu’elle venait de décrocher un stage de six mois dans une entreprise industrielle nouvellement créée. L’année suivante, elle fut embauchée dans la même entreprise au poste de Gestionnaire du personnel. Son entreprise s’appelle ALTO, spécialisée dans la production des châssis en PVC et porte Pvc et en aluminium pour une bonne isolation des maisons pendant l’hiver.
Marguerite fit 5 ans dans cette entreprise. Elle vient de démissionner il y a deux mois pour réaliser son grand rêve : " retourner dans son pays d’origine afin de contribuer à son économie .
Le lendemain soir à la maison de sa tante avec ses amis, l’atmosphère était ambiante et conviviale :
- C’est sérieux ton affaire de voyage, Maggy? demanda Rita qui préparait la table à manger.
- Eh oui, répondit Alex qui prit les assiettes de la main de Rita afin de l’aider à préparer la table. Madame veut rentrer dans son pays d’origine, poursuit-il.
- As-tu pensé aux conséquences ? reprit Rita.
- Oui, dit Maggy, je vais bientôt partir ; alors, profitez de ma présence pendant que je suis encore avec vous ici, dit-elle, en nettoyant les fourchettes dans la cuisine.
- Qu’est-ce que je viens d’entendre ? Tu pars où Maga? lança Henry d’un ton autoritaire avec sa grosse voix.
Tout le monde dans la maison s'arrêta ; les quatre jeunes hommes assis au salon, les deux filles dans la cuisine, ainsi que Rita et Alex, ont tous regardé Henry, tandis que celui-ci se retourna vers Maggy pour entendre sa réponse.
- Je vais rentrer au Congo Brazzaville dans mon pays, répondit avec confiance Magey.
- Tu savais qu’elle préparait son voyage ? demanda Henry à Alex.
- Oui, je le savais, répondit Alex en haussant les épaules, voulant se défendre et laissant entendre par son geste qu’il n’a pas pu la retenir.
- C’est normal, répondit Jérémie qui était assis au salon au milieu des quatre jeunes. C’est son acolyte, poursuit-il en ricanant.
Alors, pour briser ce silence, Rita demanda à Julienne qui était dans la cuisine si le repas était prêt. Elle invita tout le monde à s’installer à table pour partager le repas. Ce moment fut mouvementé.
- Si je comprends bien, enchaîna Henry en regardant Maggy, c’est le dernier repas que l’on partage ensemble ?
- Peut-être ; cependant, je pars à la fin du mois, le 30 Mars, donc dans deux semaines précisément, on aura encore l’occasion de se retrouver avant mon départ, répondit Maggy avec un sourire.
- Nous sommes déjà le 16 Mars,
lança Jérémie. A ceux qui veulent se faire pardonner ou celui qui veut déclarer sa flamme à la belle Maggy, voici le moment, dit-il en ricanant.
- Tais-toi ! Tu es incorrigible, dit Julienne, tu es toujours là entrain de taquiner…
- Tu sais que le régime fiscal au Congo n’aide pas tellement ceux qui ont des projets à se développer ? Et il n’y a pas de stabilité politique au Congo actuellement. Tu en as conscience? Tu as du talent, Maggy, tu es compétente, tu seras beaucoup plus utile ici qu’en Afrique. En cas de guerre, tu feras comment ? Réfléchis bien avant de rentrer, s’il te plaît, dit Henry tout en soupirant profondément.
- J’ai 27 ans maintenant, et je n’ai pas envie de travailler pour les autres, je veux être mon propre patron, travailler à mon propre compte ; et il y a cette possibilité dans mon pays. J’ai déjà réfléchi à tout ça. J’aime mon pays et je dois aller découvrir la richesse de cette terre… dit Maggy pensivement.
- Ce ne sont que des illusions, dit Jérémie en riant et en regardant Alex, seuls les blancs savent que l'Afrique est riche ; quant à nous-mêmes les africains, nous ne le savons même pas, car si on savait vraiment que notre terre est riche, on n’allait pas être des milliers à s’exiler, on allait défendre notre terre… Cette richesse dont on parle, on ne la voit jamais.
- C’est parce que vous, africains, vous ne cherchez pas, vous avez des cerveaux, je me demande ce que vous en faites. Soyez des chercheurs, découvrez votre terre, exploitez-la, travaillez-la là et vous saurez le plaisir et la richesse que
votre terre vous donnera…. TRAVAILLEZ AVEC ARDEUR, dit Alex en fronçant les sourcils.
- Espèce de raciste, dit Jérémie, tu nous traites de paresseux ?
- C’est toi qui l’es, répliqua Alex, regarde-toi, tu n’arrives pas à te trouver un emploi ou à monter une entreprise et tu habites sous le toit de Julienne qui te nourrit et qui fait tout pour toi. Tu devrais avoir honte.
- Ok c’est bon les gars, on se calme, cria Rita, je n’ai pas des amis racistes, c’est quoi cette affaire ?
La soirée fut animée et tous ces jeunes parlèrent sur le développement de l'Afrique.
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